C'est le 23 juillet 1990, dans la belle ville de New York, que Marika Song, épouse McArthur, mis au monde une petite Lily Salomé. Aussi rouquine que sa maman, la petite fille fut immédiatement adoptée comme le plus beau cadeau du monde. Elle grandit vite, protégée et aimée par ses parents, qui lui donnèrent bientôt - le 14 juillet 1992 - une petite sœur qu'elle adopta très vite comme la plus belle chose au monde. Gabrielle éclipsa tout auprès de Marika et Joseph, ses parents et pourtant, Lily n'eut jamais l'impression d'en souffrir. Pour elle, Gabrielle était de ses anges surréalistes qui brillent comme une étoile. Et même si ses parents donnaient parfois l'impression de ne plus voir que par leur cadette, elle savait toute l'importance et la place qu'elle avait dans leur cœur.

Aussi, comme peu de petites filles peuvent, à son sens, s'en vanter, Lily grandit dans la famille idéale, lui permettant de s'épanouir et de se construire sans jamais craindre l'abandon ou le désamour. Très tôt, elle se montra d'un altruisme débordant. D'abord en prenant soin de sa petite sœur adorée, puis en aidant les gens du quartier ou en rendant divers petits services. Très jeune, aussi, elle décida qu'elle voulait devenir enseignante, maîtresse de maternelle pour être plus précise. La faute sans doute à ce cher Mr Kimbell du film Un flic à la maternelle... ou peut-être pas d'ailleurs.

Si elle devait vous raconter son enfance et son adolescence, Lily vous dirait qu'il n'y a pas grand-chose à dire. Elle a grandi normalement, essayant de protéger sa sœur, pauvre petit souffre douleur de l'école, du mieux qu'elle le pouvait, étudiant tout juste comme il le fallait pour passer ses différents examens avec brio et ne pas se faire punir pour glandouille professionnelle. A force de protéger sa sœur, de punir ceux qui lui faisait du mal et de menacer ceux qui commençaient à être trop embêtant, Lily se forgea un caractère de battante, une solide réputation de tête brûlée et surtout, elle perdit de sa douceur et de sa compassion pour ouvrir les yeux sur le monde et la méchanceté des autres. Elle garda toujours cette bonté d'âme caractéristique de cette branche des McArthur, mais devint quand même plus dure et méfiante. A cette époque, et comme beaucoup de filles de son âge, la demoiselle enchaîna les cours, les sorties entre amis et les petits copains, jusqu'à ses dix-huit ans. Et les mots sont pesés quand il est dit « les sorties entre amis » sans ''e'', puisque depuis toujours, la jeune rouquine s'est toujours mieux entendu avec les garçons qu'avec les filles, faisant que sa bande d'amis étaient essentiellement constituée de garçons. En effet, un brin garçon manqué, la jeune Lily n'a jamais vraiment eu beaucoup d'affinité avec des filles autres que sa sœur, n'aimant pas parler maquillage, mode et people à tout bout de champ. Véritable force de la nature, incapable de rester raisonnable ou d'écouter les conseils, elle préférait donc largement jouer à des sports de brutes comme le football, la lutte et même le hockey, plutôt que de rester des heures à baver devant des garçons se battant pour un ballon ovale. Beaucoup avaient peur de la voir se casser, elle si fragile petite chose entre les colosses, mais lorsqu'on la voyait agir avec sa bande de copains, il fallait vite se rendre à l'évidence : Lily McArthur n'avait rien d'une douillette petite poupée de porcelaine.

Elle avait dix-huit ans quand LE drame frappa les McArthur. Alors qu'elle était restée à la maison pour réviser un examen important qui approchait, la jeune fille alla ouvrir la porte de la maison familiale lorsqu'on y sonna, s'attendant à tout, sauf à trouver un policier face à elle. Celui-ci lui annonça qu'il y avait eu un accident impliquant un camion de marchandise et une voiture, celle de ses parents. Des trois personnes impliquées dans l'accident, personne n'avait survécu. C'est donc dans la douleur que Lily dû annoncer la terrible nouvelle à sa petite sœur : leurs parents étaient morts.

Immédiatement après l'enterrement, les deux filles McArthur durent abandonner leur vie à New York, leur maison et pour Lily, tous ses projets professionnels. Cohabiter avec Allan et sa fille Anna Maria ne fut pas de tout repos. La vie par elle-même, dans le New Jersey, était déjà bien assez difficile comme ça. Trenton était si différent de New York. Impossible d'y retrouver ses marques, ses habitudes et cet anonymat caractéristique des grandes villes. Combiné à l'insupportable et grincheux Allan, ainsi qu'à sa pourriture de fille,... Allan était beaucoup trop insupportable aux yeux de Lily. Trop autoritaire, trop de mauvaise foi, mauvaise langue aussi et surtout incapable de supporter que les autres l'approche. Il détestait la présence de ses nièces et pourtant, il s'échinait à les faire vivre sous son toit. Mais le pire était sans doute Anna Maria. Insupportable, frivole, croqueuse d'homme manipulatrice... tant de qualificatifs qui font que Lily n'arrive vraiment pas à cohabiter avec elle. C'est d'ailleurs plus la présence de la brunette que son oncle qui l'avait réellement poussé à désirer vivre ailleurs. Acceptant le premier petit boulot qui se présenta à elle, un poste en temps que vendeuse de billet dans le cinéma du coin, elle commença à mettre de l'argent de côté pour pouvoir quitter la maison McArthur et vivre sa propre vie de son côté. Mais elle se rendit vite compte qu'elle ne pourrait jamais assumer plus d'une personne avec ce minable petit salaire. Et il était hors de question pour elle de partir sans son petit ange. Laisser Gabrielle aux mains de cette garce et de son père ? Hors de question.

Quelques semaines seulement après avoir été engagé, alors qu'elle rentrait très tard dans la nuit à cause du travail, elle fut accostée par un jeune homme un peu éméché. Celui-ci s'en prit à elle, désirant probablement la séduire avec des actes et des paroles qui eurent absolument l'effet inverse. Alors qu'il commençait à s'énerver et à la pousser de plus en plus violemment, Lily eut la surprise de voir Allan se mettre entre elle et le type, puis le jeter élégamment au sol en lui faisant bien comprendre qu'il ne devait pas toucher à la rouquine. Pour être honnête, Lily ne retint rien des mots de son oncle cette nuit-là, trop hypnotisé par le regard d'Allan. Ce regard qu'elle avait déjà vu des millions de fois, dans les yeux de son père, lorsqu'il émettait des menaces contre ceux qui s'en prenaient à Gabrielle. Et pour la première fois, la jolie rousse n'eut aucun doute quant à leur lien de parenté. Allan était de sa famille, autant que Gabrielle.

Suite à cet événement, la vie à la maison devint beaucoup plus facile. Pas parfaite, loin de là, mais plus facile. Les prises de bec avec l'écrivain devinrent plus un jeu qu'un réel conflit, son regard plus familier, sa maison plus la sienne également. Elle commença même à croire Gabrielle quand celle-ci lui assurait qu'il y avait une âme gentille sous cette carapace d'insupportable vieux grincheux.

Et puis Allan commença à souffrir du syndrome de la page blanche. Un mal qu'elle ne comprenait pas, mais qui s'avérait être vraiment handicapant pour un écrivain à la renommé internationale. Aussi, quand Allan annonça qu'il devait partir pour une petite île du nom de Bright Falls, histoire d'y retrouver l'inspiration, Lily protesta vigoureusement, pour la forme, mais sans vraiment avoir dans l'idée de vraiment s'échapper de son emprise s'il ne l'écoutait pas et partait quand même. De toute façon, elle savait qu'elle ne pourrait pas assumer un appartement et Gabrielle avec son maigre salaire et il était hors de question de laisser l'ange partir aussi loin d'elle. Bright Falls était encore plus perdu que Trenton, mais la jeune fille eut la chance d'y trouver un poste de serveuse au Junction Bar et de voir ainsi son salaire augmenter largement, lui permettant enfin de vivre autrement qu'au crochet d'Allan. Pourtant, elle ne quitta pas la maison de son oncle, peu encline à se séparer de lui, même si elle ne l'avouerait jamais. Leur oncle les avait officiellement adopté et elle devait le reconnaître, même s'il se plaignait de leur présence, il s'assurait toujours qu'elles ne manquaient de rien. Et puis sous ses airs de vieux grincheux, il devait bien y avoir ce coeur de nounours que Gabrielle semblait voir et Lily fit donc une affaire personnelle de le trouver.

Lily pourrait être une fille adorable dès le premier abord, si elle n'était pas aussi sûre d'elle et aussi méfiante. Après tout ce qu'elle a vécu, elle a appris à ne pas se fier aux apparences et est toujours sur la défensive à la première rencontre. Cela lui a d'ailleurs souvent causé des problèmes, les gens préférant éviter d'approcher cette fille hautaine et agressive et ne comprenant pas comment d'autres peuvent continuer de lui parler et finalement devenir amis avec elle. Pourtant, il suffit d'un peu de patience et on découvre que la rouquine est une jeune femme adorable, amusante et avec le cœur sur la main. Un vrai petit ange qui vous dira pourtant que l'ange, c'est sa petite sœur.

Depuis la naissance de Gabrielle, Lily lui voue une admiration et un amour qui ne connaît aucune frontière, au point d'être capable de tout sacrifier pour elle. Peu importe ce qu'il advient de sa vie, tant que son petit ange est heureuse. C'est en grande partie à cause d'elle que Lily est devenue si méfiante envers les gens. Trop d'idiots utilisaient son innocence et sa bonne âme pour pouvoir se rapprocher de Gabrielle et la faire souffrir. C'est plus pour Gab' que pour elle que Lily s'est renfermé et est devenue plus méfiante. Parce que protéger sa sœur est tout ce qui compte, le moteur principal de tellement de part de sa vie.

La rouquine a toujours été un brin garçon manqué. Côté vestimentaire, il n'y paraît pas. La jeune fille porte des robes, des tuniques ou des jupes aussi facilement que des jeans. Mais dans son caractère, on voit bien qu'il est plus simple pour elle de vivre en compagnie des garçons que des filles, parce qu'elle n'a pas les mêmes sujets de discussions que les demoiselles, parce qu'elle n'a pas peur de se salir les mains ou de se casser des ongles et parce qu'elle jouera volontiers au football avec une équipe de costauds.

N'ayant pas sa langue dans sa poche et n'ayant peur de rien ni personne, Lily vous dira toujours franchement les choses. Son honnêteté et son absence de langue de bois font souvent vibrer les murs de la maison, quand elle décide de balancer ses quatre vérités à Anna Maria. Allan aussi en prend souvent pour son grade, la jeune fille n'hésitant pas à lui dire combien elle le trouve grincheux, égoïste et mauvaise langue. Dire qu'elle apprécie cet idiot en plus... Bref, tout ça pour dire qu'à l'extérieur de chez elle, avec des gens avec qui elle a encore moins de lien... Inutile de compter à ce qu'elle fasse preuve de tact et de faux semblants.

Aventureuse, hyperactive et curieuse comme une petite souris, la rouquine est incapable de rester en place alors que l'île de Bright Falls regorge de mystère. Combien de fois a-t-elle croisé un sheriff adjoint la sommant de quitter tel ou tel endroit parce qu'il était privé ou dangereux. Pourtant, rien ne l'arrête, pas même les menaces de petit séjour en cellule. Sur le moment, elle ne dit rien et quitte les lieux comme on le lui ordonne, mais dès qu'elle le peut, elle repart explorer un peu plus profondément l'endroit. Il n'y a encore que la forêt qui lui résiste, parce qu'elle n'ose pas s'aventurer trop loin. Trop sombre, trop connue pour les nombreux morts et disparus qu'on y a retrouvé ou perdu, elle essaye, mais se rétracte toujours au dernier moment, avant de s'enfoncer trop loin. L'endroit l'inquiète, la prend au tripe, mais fois d'aventurière, elle finira par y aller et découvrira ses secrets.