''Excusez-moi, vous êtes bien celui que je crois ?'' -Allan McArthur & Maddy Eisen

Deuxième jour sur l'île. Milieu de matinée. Dehors, le temps était clément et le soleil brillait. Sa balade de la veille lui avait fait passer une très bonne journée et Maddy comptait bien sur le fait que cela continue. A ce train-là, ses vacances seraient réussies. Mais en se levant ce matin, direction la salle-de-bain de sa chambre d'hôtel pour prendre une douche, la jeune femme s'était aperçue qu'il lui manquait quelque chose. Ayant sûrement fait ses bagages trop rapidement, elle avait oublié son shampoing. Et le petit flacon mis à disposition par l'hôtel, outre le fait de dégager une odeur qu'elle n'appréciait pas, ne serait pas suffisant pour le reste de son séjour.

Descendue à la boutique de l'hôtel, Maddy n'avait pas trouvé de quoi faire son bonheur et laver correctement ses cheveux. Après s'être renseignée auprès de la guichetière dans le hall d'accueil, la fille s'était vue indiquer une petite supérette non loin d'ici. En toute bonne logique et pleine d'espoir d'y trouver le flacon qui lui manquait, elle quitta l'hôtel pour s'y rendre.

La supérette en question n'avait pas été bien difficile à trouver. D'autant que les indications que la fille avaient reçue étaient parfaitement claires. Et, une fois à l'intérieur, Maddy avait déniché exactement le même shampoing que celui dont elle était habituelle. Autant dire que c'est toute contente de sa trouvaille que la jeune femme se dirigea vers l'unique caisse pour aller payer.
Se plaçant dans la file déjà composée de quelques personnes -le vieux monsieur qui tenait la caisse avait l'air de bien prendre son temps en faisant perdre celui des autres-, la jeune femme fit du regard le tour des rayons proches.

C'est alors qu'elle vit un homme, une canne dans une main et cherchant dans un des rayons, dont le visage lui était étrangement familier. Et à y regarder de plus près, oui, Maddy le connaissait bien. Du moins pour l'avoir très souvent vu en photo. Quelle chance de le croiser ici !
Sans réfléchir, la fille délaissa alors la file d'attente pour s'approcher assez discrètement de l'homme, serrant son flacon de shampoing dans ses mains, d'excitation.

''Excusez-moi de vous déranger, commença t-elle avec une petite voix et un large sourire en se penchant vers l'homme. Vous êtes bien Allan McArthur ?''

En bon misanthrope associable Allan détestait faire les courses et généralement il déléguait cette tache à sa fille ou à ses nièces à la moindre occasion. Mais manque de peau ce jour là Lily la rouquine était au boulot, Gabi' la gentille avait été invité à Huron Lake Town pour la journée et Anna Maria la salope elle... était... on ne sait ou. Cette triple absence mêlée à l'envie d'Allan de manger des crackers au fromage tout en sirotant un verre de Baileys l'avaient poussé à se rendre au lui même au 12/6 Market. C'est donc avec un agacement non dissimulé qu'il se mit en route pour la supérette du coin. C'est donc armé de sa fidèle canne que Sir Allan McArthur dit le Cynique se dirigea vers l'endroit qu'il avait l'habitude de surnommait « L'antichambre de l'enfer » c'est à dire vers le fameux magasin 12/6. Une fois à l'intérieur de cette antichambre de l'enfer il ignora totalement les regards surpris des deux caissières et se dirigea directement vers le rayon des alcool un sac plastique à la main. Une fois dans son rayon favoris l'écrivain fit sa petite sélection et ressortit du rayon des boissons alcoolisés avec une demi-douzaine - oui six - de bouteilles de Whisky. Ensuite et d'une façon logique il se dirigea vers le rayon des appétitifs ou plutôt vers le rayon des « saloperies-salées-ou-sucrées-qui-font-grossir-en-cinq-minutes-mais-qui-sont-horriblement-bonnes-à-cause-d'addictifs-à-la-con » là aussi il fit sa petite sélection avant de lâcher un grand "ouf" de soulagement. Il avait déjà fini ses courses et intérieurement il se disait qu'il avait réussit à le faire sans que personne ne le reconnaisse et ne l'alpague pour lui demander si il était bien le célèbre autant de romans Allan McArthur. Enfin... le destin ne tarda pas à le faire mentir, puisqu'une jeune fille l'aborda d'une façon certes polie, mais particulièrement agaçante...

« Et merde...» il se tourna ensuite en direction de la jeune fille et lui fit un beau sourire de façade. Du moins pendant quelques millièmes de secondes, puisque celui-ci fut rapidement chassé ou du moins remplacé par sa tronche habituelle... C'est à dire par une tête de blasé fini. Il se frotta ensuite la tête à la recherche d'un moyen d'éviter la conversation, de la faire partir, ou au mieux de la faire passer pour un idiot. Après ces quelques secondes de méditations, il offrit à l'inconnue un beau sourire hypocrite avant de s'approcher d'elle et de laisser s'échapper un petit rire.

Allan McArthur –

Il laissa ensuite s'échapper un loup soupire d'agacement avant de regarder la jeune fille. Elle n'était pas moche, loin de là, mais elle était trop jeune pour lui. Bien trop jeune... Si elle avait été plus vieilles Allan l'aurait surement invité à boire un verre avant de la ... Enfin bref. Malheureusement l'inconnue était encore trop jeune pour réellement plaire à l'écrivain à succès qui remarqua rapidement le pauvre flacon de shampoing que la jeune fille était en train d'écrabouiller.

Allan McArthur –

Maddy l'avait pourtant abordé avec un grand sourire et en tâchant d'être la plus polie et la moins dérangeante possible. Mais la réaction de l'écrivain n'avait pas été celle escomptée. Très moqueur et tirant une tête de trois pieds de longs, il lui avait répondu par une mauvaise blague cynique avant de sérieusement faire part de son agacement. Par d'autres répliques bien senties d'ailleurs.

''De ?! Mais non !, s'exclama Maddy à la dernière fausse question de l'auteur -puisque celui-ci avait tout de même confirmé son identité-, une grimace de dégoût sur son visage tout en plaçant pudiquement ses bras devant sa poitrine. Et excusez-moi de vous avoir dérangé !''

Presque choquée, la jeune femme se recula pour tourner le dos à McArthur. Elle qui admirait cet auteur, avait lu et relu tout ses livres, connaissait par cœur le résumé des quatrièmes de couvertures -chose inutile mais qui impressionnait ses amis- ; elle était à la fois contente et déçue. Drôles de sensations d'ailleurs. Bien qu'heureuse d'avoir pu voir ''en chair et en os'' son écrivain favori, la fille ne s'était jamais imaginée que l'homme en question pouvait être aussi effronté. Certes, Maddy l'avait dérangé ce qui, pour une célébrité, devait à force porter sur les nerfs, et elle le comprenait parfaitement. Mais de là à la rembarrer ainsi...

Mais la jeune femme ne comptait pas pour autant en rester là. Non, ce n'était pas une fan hystérique. Non, elle n'était pas du genre à faire un scandale en public ou à se faire remarquer. Mais non, elle ne se laisserait pas pour autant parler comme ça par un type qui traînait dans le rayons des alcools en milieu de matinée. Faisant volte-face, la fille s'avança de nouveau vers Allan McArthur tout en essayant de prendre un air hautain. Chose qu'elle réussissait bien mal en réalité.

''Je..., commença t-elle en pointant un doigt accusateur sur l'homme à la canne, essayant d'être sûre d'elle. Vous êtes un de mes auteurs favoris. Non, mon préféré ! J'ai lu tout vos livres. Mais là ! Sachez que vous venez de baisser dans mon estime !''

Avec des grands yeux et son doigt pointé, comme si elle venait de disputer un petit chien, Maddy hocha légèrement la tête de haut en bas, satisfaite de sa réplique, tira ses épaules en arrière tout en ramenant sa main vers elle, et d'un petit ''Hum !'' tourna de nouveau les talons.
L'auteur n'aurait sans doute cure des remarques d'une fan croisée dans une supérette, mais dire ce qu'elle pensait, après avoir fait face à autant de cynisme, lui faisait un bien fou. Par contre pour un autographe ou une photo, c'était loupé...